Une nouvelle accusation de blasphème contraint plus de 1000 familles à fuir leurs maisons au Pakistan par crainte de représailles
Au Pakistan, une nouvelle accusation de blasphème a semé la panique dans un quartier chrétien, la colonie de Maryam Town.
Le 16 juillet dernier, la mosquée a lancé un appel à la protestation aux habitants de Sargodha, une ville de l'est du Pakistan. Des affiches comportant des caricatures et des commentaires désobligeants sur le prophète de l'Islam et son épouse Aisha, mais aussi des louanges faites au sujet de la profanation du Coran en Suède, auraient été collées sur les murs de la mosquée.
La foule a bloqué la route qui mène à Faisalabad. Des centaines de musulmans ont, selon Morning Star News, menacé de prendre les choses en main si la police n'arrêtait pas le coupable dans les 48 heures.
Il s'agit de la troisième accusation de blasphème en moins d'un mois. Pour Tahir Naveed Chaudhry, ancien député provincial, "la situation était déjà tendue à Sargodha après l'arrestation et l'accusation de blasphème de deux chrétiens, mais cet incident a mis en danger la sécurité de toute la communauté". Il craint qu'il s'agisse d'une "tentative délibérée pour déclencher des troubles religieux et cibler les chrétiens".
"Alors que la nouvelle du blasphème présumé se répandait", précise-t-il, "des centaines de musulmans en colère ont commencé à se rassembler sur l'autoroute, faisant craindre des violences à Maryam Town. Heureusement, la police a répondu à temps et un important contingent a été déployé à tous les points d'entrée et de sortie de la colonie".
Selon une autre source de Morning Star News, près de la moitié des 3500 à 4000 familles qui vivent dans cette colonie ont pris la fuite. "Bien que la police ait été déployée dans les quartiers chrétiens, de nombreuses familles chrétiennes ont quitté leurs maisons par crainte de représailles", explique cette source.
Au moins quinze hommes chrétiens ont déjà été arrêtés dans le cadre de cette affaire. Quatre ou cinq d'entre eux seraient encore en garde-à-vue. Mais pour Chaudhry, "il est hautement improbable que quelqu'un commette un crime aussi odieux et mette toute la communauté en danger".
Un avis partagé par Azad Marshall, président de l'Église du Pakistan, qui affirme qu’"aucun chrétien ne peut penser à commettre un tel acte".
M.C.